Un bon livre est un jardin que l'on transporte avec soi [pv Muffy] [TERMINE]

Quand après la radiographie fatale, le docteur lui avait interdit de fumer (tu verras la mort s’annonce de loi, par de petites interdictions de vivre), il s’était contenté de répondre :

-Docteur, pourquoi veux-tu que je fasse ça à mes gitanes ?

Et il s’est mis à mourir doucement, la clope au bec, penché sur ses dicos

-Oncle Stojil, ai-je dit assez stupidement, Stojil, Stojil, tu m’avais pourtant juré que tu étais immortel !
Lui : C’est vrai, mais je ne t’ai jamais juré que j’étais infaillible.
Moi :…
Lui :…
Moi :…
Lui : D’ailleurs, je ne meurs pas, je roque.

***
Je fermais doucement ce bouquin appelé « Monsieur Malaussène », je l’avais lui des dizaines de fois mais dès la première lecture je le connaissais par cœur. Je me souvenais parfaitement de son odeur, de la police utilisé, de la couverture dans ses moindres détails. J’aurais pu le réécrire à n’importe quel moment de ma vie sans bouger une seule virgule. Mais pourtant, je me relisais inlassablement et je ressentais exactement ce que j’avais ressentis la première fois que j’avais ouvert ce livre écrit par Daniel Pennac. J’adorais cet écrivain français !
Je regardais l’heure, il était l’heure de fermer la bibliothèque. Je me levais à regret et remis mes ballerines blanches vernies. J’attrapais trois livres sur le comptoir pour aller les ranger à leur place. Quelques élèves flânaient encore dans les rayonnages ou alors lisait sur les confortables fauteuils disposaient un peu partout dans la grande salle. Je leur dis de partir et quand certains me déclarèrent qu’ils voulaient prendre des livres je n’eus cas effleurer la couverture de ces gros tas de feuilles noircies par l’encre pour savoir à tout jamais qui avait emprunté quoi. Les élèves ne posaient pas de questions, c’étaient des habitués et ils l’étaient aussi à mon pouvoir. Je parcourais la bibliothèque en empilant dans un grand sac plusieurs livres que j’allais lire le soir. La première chose que j’ai fait après avoir été engagé comme bibliothécaire avait été de lire les quatrièmes de couvertures de tous les livres. Ça m’avait pris du temps mais maintenant je pouvais dire à chaque élève de quoi parlait chaque bouquin. Pratique non ? Je montais et descendais des échelles pour remettre les livres que les enfants n’avaient pas bien rangé à leur place.

"-Prudence !" dit un élève en courant vers moi, "Patience s’est glissé dans mon sac !
-Oh ! Je suis vraiment désolé. Il voulait sûrement trouvé un endroit chaud et sombre pour dormir.
-Tu parles ! La bibliothèque est super bien chauffée, il fait sombre et c’est silencieux ! Tout ce qu’il voulait c’était manger les gâteaux que j’avais pris.
-Je t’en apporterai d’autres demain d’accord ?"
-Non pas la peine. Mais je te jure que s’il recommence je m’en fais une écharpe de ton furet."

Je lui souris et pris la boule de poil qu’il me tendait, puis il se partit avec son démon. Je reposais Patience par terre sans rien dire. Lui non plus ne parla pas. A vrai dire il était encore à moitié endormi… Je repris lentement mon inspection en trainant derrière moi un furet mal réveillé.
Au fond de la bibliothèque je découvris un petit homme aux cheveux noirs en bataille. Pour ma part mes cheveux n’étaient pas aussi ébouriffés que les siens mais ils explosaient toujours autour de moi. J’avais mis une barrette dedans où étaient accrochées des plumes blanches, grises et argentés. Elle allait bien avec ma robe grise et mon châle blanc. Je reconnus aussitôt cet homme, tout le monde en parlait dans l’académie et je l’avais déjà croisé une fois. Juste quelques secondes mais elles m’avaient permis de me souvenir à jamais de son physique.

"Monsieur Cunningham ! C’est l’heure d’y aller, je ferme la bibliothèque." Dis-je calmement

Puis je m’approchais et vis qu’il était en train d’inspecter plusieurs livres. Je grimpais à l’échelle après avoir repérer le genre de littératures qu’il cherchait et lui tendit un bouquin.

"Je ne l’ai pas lu mais vu le résumer il a l’air vraiment super." Lui dis-je

Je souris en tirant les livres que je voulais emprunter et en les enregistrant. Puis je les reposais dans mon sac alors que Patience nous rejoignait d’un pas lent.

-Merci. J’aime tellement les livres, je ne peux que les traiter soigneusement. Ah et je m’appelle Prudence. Dis-je en me levant calmement

J’attrapais mon démon et le posais sur mon épaule. Il se blottie derrière mes cheveux et fit en sorte qu’on ne puisse pas le voir. Les élèves avaient presque tous une dent contre lui. Il ne faisait que dormir dans leur sac et manger tout ce qui passait sous son museau. Pourtant personne ne réussissait jamais à l’attraper ou presque. C’était quand même le roi des plans mon Patience ! Du coup, il avalait mieux qu’il se cache quand on passait dans les couloirs.
Je fis signe à Hunter de me suivre et je me dirigeais vers la sortie quand tout à coup j’aperçu un élève. Je croyais pourtant avoir tout inspecté. Il vint vers moi en brandissant un livre, j’hochais calmement la tête avec un sourire en coin et il fila à tout allure. J’enregistrerai le livre qu’il avait emprunté demain. Mon furet s’était déjà rendormit sur mon épaule, à croire qu’il avait trop travaillé aujourd’hui. En même temps c’est sûr que d’aller se goinfrer de gâteaux dans le sac d’un des élèves a dû l’épuiser ce flemmard ! J’écartais une mèche de cheveux rebelle qui c’était échappé de ma barrette et l’y remis.

-D’après ce que j’ai compris vous êtes un très bon chasseur Mr Hunter. Dis-je, Mais dîtes moi, est-ce-que l’école anglaise ressemble à la celle-ci ou pas du tout ?

J’aurais bien aimé savoir. Peut-être que si j’étais née à Londre mes parents ne seraient pas mort. Du moins pas aussi seuls… Mais pourtant, je préfère ma vie à toutes celles que j’ai pu m’imaginer. Je me souviens encore de l’odeur de ma maison, de celle de mère et tout le reste. Pour moi la vie n’était faite que de souvenirs et je ne pouvais leur échapper à travers les livres et leur histoire.
Nous étions presque arrivés à la porte quand tout à coup Patience s’éveilla.

*J’ai un plan !*
*Magnifique…*
*Tu ne fais pas preuve d’assez d’enthousiasme. Je retourne dormir, je le finirai plus tard.*

Je levais les yeux au ciel puis me tourner vers Hunter qui n’avait toujours pas répondu.

3Combien de temps dure votre séjour ici ?" lui demandais-je en penchant légèrement la tête sur le côté

C’était un tic que je tenais de ma mère, elle aussi faisait tout le temps ça quand elle posait des questions…

Je baissais un peu la tête. Pour moi le monde avait toujours été dangereux mais quand j’étais plus jeune je pensais que rien ne pouvait m’arriver. Que quand je traversais de mauvaises passes au bout d’un moment j’allais me réveiller, comme Alice. Mais non, la vie n’est pas un rêve et tout comme Hunter à un moment j’ai dû affronter la dure réalité. Je restais un moment silencieuse jusqu’au moment où je me souvins que j’avais gardé un croissant ce matin. Je le sortis de mon sac et aussitôt Patience se précipita dessus. Bizarre, tout à coup il avait l’air totalement réveillé… je lui tendis un petit bout et il repartit derrière mes cheveux aussi vite qu’il était arrivé.

"Vous en voulez ?" demandais-je à Hunter

Avant même qu’il est répondu je lui tendis la moitié du croissant et commençait à manger le mien. Mais au bout de la deuxième bouchée Patience réapparue courut aussi vite qu’il put sur mon bras, attrapa un gros bout de part, me tira une langue rose et cette fois il alla s’installer sur ma tête comme pour me narguer. Espèce de petit ingrat va ! Je finis mon croissant puis je souris à Hunter. Il n’avait toujours rien dit et moi n’étant pas une grande bavarde ne trouvais pas de sujet de conversation vraiment concret à aborder. Alors je restais silencieuse. Nous venions de franchirent la grande porte de la bibliothèque quand un professeur arriva les bras chargés de livres, elle passa devant nous sans même nous accorder un regard et se dirigea vers le comptoir.

"Non mais je rêve !" marmonnais-je, puis je me tourner vers Hunter, Attendez-moi ici s’il vous plaît.

Puis je partis en courant après le prof qui visiblement ne voyait aucun problème à venir rendre des livres alors que la bibliothèque était fermée. Une fois arrivé au comptoir je rabrouais l’homme qui me regarda bizarrement. Je n’étais pas vraiment du genre à faire la leçon mais là il abusait un peu. Il partit après avoir donné une des excuses les plus débiles que j’ai jamais vus. De mon côté je mis juste les livres de côtés, je les rangerai demain. Je me retourner vers la sortie et c’est là que je vis Hunter.

"Ce n’était pas la peine de me suivre." Dis-je puis en changeant complètement de sujet je repris : Dîtes-moi quelle est votre clarté d’âme ?